Dégustation du 27 avril 2001 Les vins de Primo Palatum Synthèse des commentaires de dégustation : Pierre Citerne et Laurent Gibet Quelques commentaires de contexte :
Les vins ne sont pas dégustés
à l'aveugle.
Nombre de dégustateurs : une vingtaine.
Xavier Copel, qui dirige depuis quelques années
seulement ce négoce haut de gamme, est présent
et nous livre une multitude d'informations utiles pour mieux
comprendre sa démarche.
Vdp d'Oc : 1- Vin de pays d'Oc
- Chardonnay 99: Note : vers
12,5 - Prix 55F
Vin d'entrée de gamme. Provenance des
raisins : Limoux. Rendement de l'ordre de 55 hl/ha.
Robe dorée pâle, assez grasse.
Le nez est fin et direct, marqué par
les agrumes, la semoule beurrée, le miel, une vanille
discrète. L'aération dégage des notes
complémentaires mentholées, anisées.
La bouche est relativement grasse, marquée
par d'agréables notes de citron, de miel. Elle révèle
une matière sérieuse, avec une bonne vivacité
et une certaine viscosité, mais sans étincelle
particulière. Pour autant, on a ici affaire à
un vin prêt à boire, plaisant, qui à l'avantage
de la fraîcheur.
2- Vin de pays d'Oc "Classica" 99 :Note : 14 - Prix : 50 F Vin d'entrée de gamme. 85% syrah -
15% malbec. Malgré ce pourcentage faible, le malbec,
qui fait l'objet d'un soin particulier, marque le vin.
Robe assez sombre, bien fournie.
La 1ère bouteille manque
de netteté aromatique (un côté terreux).
La 2ème bouteille est elle satisfaisante : nez intense,
expressif et vif, marqué par des notes variées
: fruits mûrs (cerise noire), fleurs, cacao, épices,
poivron rouge, rose fanée, figue sèche.
La bouche est souple, charnue, mais ferme
également, dotée d'un velouté particulièrement
gourmand. Une belle réussite. Beaucoup de franchise
dans ce vin qui met l'accent sur le fruit tout en étant
bien structuré.
3- Vin de pays d'Oc 97 :Note : 13,5 - Prix : 80 F 50% cabernet-franc, 40 % syrah, 10% merlot.
Robe assez sombre, mate.
Nez déjà évolué,
expressif, intéressant par son oscillation entre les
senteurs du cabernet (menthe, café, noix grillée),
et celles de la syrah (poivre, animalité).
Matière sapide et fraîche, un
peu mince mais sans creux, saveur automnale de sous-bois agréable.
4- Vin de pays d'Oc 98 :Note : 14,5 - Prix : 80 F 70% cabernet-sauvignon - 30% cabernet-franc.
100% fût neuf. 7500 bouteilles produites.
Robe dense, sombre, brillante.
Nez dense, un rien austère. Beaucoup
de fruit décelé dans ce nez encore simple (cerise
noire, mûre), des notes boisées assez rondes,
sans agressivité, quelques senteurs plus discrètes
de tabac, de café et de noix fraîche.
Bouche gourmande (veloutée, riche,
moelleuse) et ferme, qui ressemble à celle de "classica
99", mais avec une trame plus tendue et serrée. Une
très belle expression aromatique et structurelle.
Bordeaux : 5- Bordeaux blanc sec 98 :Note : 14,5 - Prix : 115 F 100% sémillon botrytisé vinifié
en sec.
Robe jaune paille discrète, beaucoup
de gras en revanche.
Nez très aromatique : fruits exotiques
(mangue...), des notes confites et fumées qui évoquent
la surmaturité.
Matière riche, peut-être un peu
lourde mais pleine de personnalité, de saveur et de
charme. Un vin peu typé sauvignon, en raison d'un encépagement
original. Il faut dire ici que Xavier Copel fuit l'expression
parfois caricaturale du sauvignon (buis, lierre
pipi
de chat).
6- Bordeaux rouge 97 :Note : 14 - Prix : 90 F Bonne densité, centre noir.
Nez "classique", typé, distingué
et évolué : pruneau, cèdre, humus.
Attaque moelleuse, fruit doux et sapide ;
le vin manque sans doute de nerf et de structure, mais il
est typé, très finement aromatique et élégant
tout en étant issu d'un millésime particulièrement
difficile.
7- Bordeaux rouge 96 :Note : 14 - Prix : 100 F 90% cabernet-sauvignon.
Nez évoluée, offrant des notes
de fruits à l'eau de vie, de menthol, de graphite.
La bouche est réglissée, marquée
elle aussi par ces notes caractéristiques de graphite,
avec une pointe végétale (poivron). On a ici
affaire à un vin charnu et frais, typé, qui
est encore structurellement viable. Boire sans trop attandre.
8- Canon-Fronsac 96 : Note : 14 vers 13,5 - Prix : 160 F 95% merlot - 5% cabernet-franc (complanté).
Robe dense mais nettement évoluée,
orangée.
On ne sent pas trop de fond dans ce nez tertiaire
: animal, feuille morte.
Matière sapide et de bonne densité,
mais la texture parait sèche et la finale un peu alcooleuse.
Un vin plutôt court et pas très agréable.
9- Canon-Fronsac 97 :Note : 14 - Prix : 150 F 95% merlot - 5% cabernet-franc (complanté).
Nez caractéristique du merlot (épices,
cacao, fruits confiturés), boisé.
La bouche exprime encore un peu le bois, mais
sans asséchance. Typée par un millésime
difficile, elle présente un légère pointe
végétale, mais ne souffre d'aucune amertume.
Comme dans le cas du Bordeaux, belle réussite pour
le millésime.
10- Canon-Fronsac 98 :Note : 14,5 - Prix : 165 F 95% merlot - 5% cabernet-franc (complanté).
2400 bouteilles produites.
Nez moyennement intense, typé par l'encépagement.
En bouche, le fruit mûr est présent
et on observe une alliance de concentration et de fraîcheur
sur une trame de longueur moyenne mais équilibrée.
11- Graves 98 :Note : 15/15,5 - Prix : 130 F 100% cabernet-sauvignon. 1200 bouteilles produites.
Très dense d'aspect, centre noir.
Nez puissant, fermé, marqué
par un boisé brûlé, un fruit profond et
des notes herbacées et fumées plus personnelles.
Matière droite et très concentrée,
dotée d'une belle assise tannique. En l'état,
elle reste peu loquace et particulièrement astringente.
Un vin à attendre plusieurs années, où
pointent des notes caractéristiques de fumée
et de goudron.
12- Sauternes 97 :Note : 17 - Prix : 400 F 100% sémillon.
Robe vieil or, d'aspect dense et visqueux.
Nez opulent, miellé, exotique (mangue,
goyave), "gras" (notes de beurre frais et même de graisse
de canard).
Enorme concentration en bouche, onctueux,
gras, liquoreux ; la saveur nette et assez fraîche d'ananas
confit contribue à équilibrer la richesse de
texture et de liqueur, très belle longueur, avec des
notes rôties subtiles de champignon et de praliné
en finale.
13- Sauternes 96 :Note : 16 - Prix : 350 F 100% sémillon.
Jolie robe dorée et brillante.
Le nez évoque les fruits confits, le
miel.
Contrairement au vin précédent,
la bouche possède une liqueur peu marquée par
le botrytis. Sans surprise moins riche que celle du 97, elle
n'en reste pas moins fine et fraîche.
Sud-Ouest : 14- Jurançon sec 97 :Note : 15 - Prix : 290 F 100% petit manseng. Raisins passerillés
vinifiés en sec. 6g d'acidité. Pas de sucre
résiduel.
Nez doré, intense, brillant.
1er nez un peu ingrat, réduit.
Le 2ème nez est fort heureusement plus net,
avec ses notes d'anis, de fruits exotiques, de fruit du jacquier
(dixit Xavier Copel). Il reste discret.
La bouche est grasse, équilibrée,
fruitée, encore peu loquace.
L'aération (et le réchauffement
du vin dans le verre) développent nettement l'expression
aromatique de cette cuvée (champignon, épices),
qui offre alors un caractère nettement plus exubérant.
Xavier Copel nous décrit le côté
original de ce vin, qui peut rappeler les cuvées "noblesse"
vinifiées en secs produites au domaine Cauhapé.
Il l'associerait volontiers à des plats exotiques (sucré/salé,
épices,
)
15- Madiran 97 :Note : 15 - Prix : 150 F 100% tannat.
La 1ère bouteille dégustée
présente un défaut de bouchon. La 2ème
bouteille est sans défaut.
Robe noire.
Nez typé, marquée par le fruits
et les épices.
La bouche est encore juvénile et simple,
virile mais fraîche, dotée d'une bonne astrigence,
proposant une très belle expression du tannat.
16- Madiran 98 :Note : 14 - Prix : 165 F 100% tannat. 2400 bouteilles produites.
Robe noire.
Nez profond, dominé par le bois mais
pur et porteur de notes expressives d'encre, de prunelle,
de viande fraîche.
La bouche, extrémiste, est dotée
d'une concentration spectaculaire. Elle signe un vin particulièrement
puissant, tannique (sans être sec), doté d'une
matière drue, encore brute (tannins sévères),
mais impressionnante de densité et de volume, avec
une réserve de fruit énorme.
17- Cahors 96 :Note : 14 vers 13,5 - Prix : 220 F Robe pratiquement pas évoluée
: elle se présente noire avec des bords rubis.
Nez évidemment plus fondu, plus expressif
que les précédents (bonne typicité des
notes animales et mentholées), le boisé est
encore marqué.
Matière très dense, les tannins
sont encore très fermes. Ce vin ne fait pas l'unanimité
: certains le trouvent équilibré sur un fruit
abondant et sain, alors que d'autres lui reprochent un côté
asséchant et une acidité trop prononcée.
18- Cahors 97 :Note : 14 - Prix : 190 F 100% malbec (synonymes : cot, auxerrois)
Robe intense.
Nez typé cahors : fruits, cacao, menthe,
épices
Bouche concentrée, dotée d'un
fruit intense et d'une bonne acidité.
19- Cahors "Classica" 98 :Note : 14,5 - Prix : 95 F 92% malbec, 8% merlot. 4800 bouteilles produites.
50% de fût neuf pour 50% de fût d'un vin
Robe noire.
Nez très typé et concentré,
avec ses notes de fruits (mûre, myrtille, cerise noire),
d'épices (poivre), de cacao et de menthe.
La bouche, qui reprend ces notes à
son compte reste ferme et encore très jeune. Elle possède
amplitude de chair et profondeur du fruit. Très bonne
concentration, sans agressivité tannique, notes vanillées
de l'élevage bien présentes.
20- Cahors "Mythologia" 98 :Note : 15 - Prix : 220 F 100% malbec. 2400 bouteilles produites. 200%
fût neuf.
Robe noire.
Nez puissant, dont le fruit intense, floral,
est pour l'instant masqué par le bois (grillé,
notes lactiques et épicées).
Très dense dès l'attaque, très
jeune, énorme matière qui parvient à
rester équilibrée.
Languedoc-Roussillon : 21- Côtes du Roussillon blanc 98 :Note : 15 - Prix : 140 F 50% marsanne, 50% roussanne.
Robe dorée intense et grasse.
Nez puissant et bien défini au nez,
riches notes miellées, de fleurs blanches, des notes
plus oxydatives aussi, bien typées : pomme cuite, cire.
Très gras mais sans lourdeur en bouche,
élégant et concentré, avec une nette
amertume en finale, qui accentue l'impression de se trouver
dans le nord de la vallée du Rhône.
22- Limoux chardonnay 98 : Note : 14,5 - Prix : 115 F Provenance exclusive du terroir "Haute Vallée".
Malolactique effectuée. 3000 bouteilles produites.
Robe assez pâle.
Nez sans surprise plus intense et boisé
que celui du chardonnay en VDP d'Oc. Senteurs d'agrumes et
notes anisées prononcées.
La bouche exprime la vanille, le citron, les
épices. Elle s'avère à la fois grasse
et minérale, de longueur correcte, avec une très
légère touche alcooleuse en finale. Un vin à
attendre quelque temps.
23- Côtes du Roussillon rouge 98 :Note : 14 vers 13,5 - Prix : 145 F 80% Syrah, 17% Mourvèdre, 3% Grenache.
100% fût neuf. 2400 bouteilles produites. Terroir argileux.
Robe brillante, très intense, tirant
sur le noir.
Nez flatteur, luxuriant avec son fruit intense
(cassis), confit, presque exotique, marié à
un boisé épicé démonstratif.
Très dense, moelleux en bouche, avec
une densité de fruit qui confine au sirupeux (un côté
VDN) et une finale chaleureuse. En l'état, la bouche
de ce vin "sudiste" est elle aussi particulièrement
difficile à juger. Si Xavier Copel n'a pas de doute
sur son potentiel, nous nous interrogeons sur sa capacité
à bien évoluer, sans s'assécher.
24- Côtes du Roussillon rouge 97 :Note : 14 - Prix : 110 F 45% Syrah, 45% Mourvèdre, 10% Grenache.
Terroir argileux. 100% fût neuf.
Robe d'intensité moyenne.
Le nez est boisé, fruité, frais.
La bouche se révèle fruitée
et ample, avec un boisé encore présent qui devrait
se fondre. Elle possède plus d'avenir mais également
plus d'austérité, de densité, de fermeté
que celle du "minervois Livinière 97". Un vin à
attendre quelques années.
25- Minervois "La Liviniére" 97 : Note : 13,5 - Prix : 110 F 85% syrah, 12% grenache, 3% carignan. Terroir
calcaire froid.
Robe particulièrement peu intense.
Le nez, légèrement boisé,
évoque les fruits et les épices.
La bouche ne nous convainc pas totalement,
avec sa matière demi-corps et sa finale un peu chaude.
Boire. Xavier Copel nous parle lui d'un vin fin et complexe,
vinifié à la manière d'un pinot noir.
26- Minervois "La Liviniére" 98 :Note : 15,5 - Prix : 95 F 60% syrah, 25% grenache, 25% carignan, vinifiés
ensemble. Terroir calcaire froid. 100% fût neuf. 3000
bouteilles produites.
Robe bleu-noir avec de minces bords violacés,
brillante et intense.
Nez intense, encore brut, mais possédant
une finesse et un naturel remarquable : goudron, rose, myrtille,
grillé.
Matière dense dès l'attaque,
très belle qualité des tannins fins et serrés,
fruit expressif et poivré sans excès, beaucoup
de cohérence dans la concentration, très jeune,
avec des notes complémentaires florales et de garrigue.
On retrouve ici, comme dans le cas du "minervois Livinière
97", un vin plus tendre que le "Côtes du Roussillon"
du même millésime.
Petit commentaire sur les 4 derniers vins : Le millésime 98 impose sa marque (vis-à-vis
d'un millésime 97 plus tendre).
En raison d'effets de sol et de climat, les
vins produits en roussillon sont plus fermes, plus austères
que ceux produits en minervois.
Ces 2 effets se combinent logiquement et militent
en faveur d'une approche plutôt respectueuse du terroir.
Conclusion : Cette dégustation en présence
de Xavier Copel s'est avérée très
intéressante.
Les vins produits, dont certains sont particulièrement
atypiques (Côtes du Roussillon blanc de style rhodanien
septentrional, et surtout Jurançon sec et Bordeaux
blanc), méritent grandement l'explication de texte
que nous a fournie Xavier, quant à leur origine
(terroir, culture, vinification, élevage luxueux,
).
On découvre des vins ambitieux et
concentrés, plutôt démonstratifs (le
piège de la surextraction est toutefois évité),
issus d'une démarche nologique volontaire
:
Les robes sont intenses.
Les nez sont typés.
Les bouches sont désaltérantes.
Le bois est donc bien présent mais
respecte le fruit et la typicité, pour des vins parfois
très tanniques mais sans sécheresse manifeste.
Le respect du terroir est un intention qui
s'exprime par exemple dans le commentaire comparatif des 97
et 98 du "minervois Livinière" et du "Côtes du
Roussillon".
Xavier Copel insiste sur la nécessité
d'aérer longuement ses vins, qu'il juge de garde
et qualifie de "vins de repas".
Reste une gamme de vins bien construits,
variée et évolutive, et une démarche
nologique en progrès constant :
à partir de 98, on note en particulier
la création d'une cuvée classica en jurançon
sec - à base de gros manseng, 50% de fût neuf
pour 50% de fût d'un vin.
nous n'avons pas goûté les vins
produits à Porto et à Rivesaltes.
Il nous a enfin semblé enfin que les
vins de Primo Palatum (malgré des terroirs a priori
moins privilégiés) sont plus intéressants
que ceux de Tardieu-Laurent (dont le parcours nous avait
ennuyés) : si la similitude s'exprime dans une approche
haut de gamme du négoce (élevage ambitieux notamment),
on note ici des vins plus divers (dans les 2 cas, il
y a pourtant diversité géographique dans les
zones de production), plus typés terroir et surtout
plus désaltérants.
Les prix restent bien entendu élevés,
justifiés (par leur auteur) par des coûts de
revient élevés et la prise de risque technique
(innovation, qualité). Autre argument avancé
: il existe dans chaque appellation présentée
des vins au moins aussi onéreux. Nous pensons qu'il
existe également, et parfois pour des prix inférieurs,
des concurrents sérieux dans chaque appellation.
Nous laissons au lecteur le soin de juger, en fonction de
ses propres critères
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