Dégustation du 07 janvier 2000
Grands vins rouges Californiens
II
Quelques commentaires de contexte (vins américains)
:
- Sauf mention contraire, les vins ne sont pas dégustés
à l'aveugle .
- Tous les vins proviennent de la Napa Valley.
- Nombre de dégustateurs : une vingtaine.
- Cuvées réputées, hétérogénéité
d'encépagement.
Ordre de dégustation :
1- Ridge Lytton Springs 1996 :
Note : 15,5 vers 15 - prix : 174 F
80% Zinfandel, 5% Syrah + autres - 14,5°.
Robe intense.
Beau nez intense qui offre des notes (très typée "cabernet
sauvignon") de tabac, de cèdre, de fumée, de fruits
confiturés, d'herbes aromatiques, de poivre. Le Zinfandel
apparaît au travers des notes caractéristiques et ici
discrètes d'eucalyptus, de camphre).
La bouche n'a pas la complexité du nez. Un rien étrange,
exubérante, elle est soyeuse et développe des notes
de sirop et de brûlé. Elle est relativement raide,
avec une finale chaleureuse. Ce vin est doux et sapide mais sans
grande profondeur. Sans vouloir généraliser, il semble
confirmer que le Zinfandel n'est pas un cépage de longue
garde.
2- Ravenswood Wood Road Belloni 1995 :
Note : 14 vers 13,5 - prix : 200 F
100% Zinfandel - 15°.
Robe intense.
Nez plus caricatural de zinfandel que le précédent.
Des notes boisées, de sirop de mûre, de menthe, d'eucalyptus,
de cèdre, de réglisse (cachou, zan). L'aération
dissipe quelque peu des notes très camphrées et cèdent
le terrain à des notes de "confiture de vieux garçon"
En bouche, le vin présente plus de matière, plus de
structure que le précédent. Des notes d'agrumes précèdent
une finale offrant un retour acide assez spectaculaire. Il se pourrait
que cette dissociation curieuse entre l'alcool, la matière
et l'acide soit le résultat d'une acidification du vin.
3- Jade mountain Mount Veeder - Paras vineyard
1995 :
Note : 16 vers 16,5 - prix : 290 F
100% syrah - 14,5°.
Robe violacée, opaque ne présentant pas de trace notable
d'évolution.
Le nez est intense et très grillé. Il exhale des notes
florales et épicées (poivre), une pointe animale dénonçant
l'âge déjà un peu avancé du vin. La polémique
sur son intensité boisée reviendra sur l'appréciation
de la bouche.
La bouche est soyeuse, veloutée, un peu monolithique (des
notes de myrtille, de terre battue) et assez longue. Elle finit
sur des notes épicées. Ce vin, qui évoque un
peu un hermitage très boisé, ne fait pas l'unanimité.
Pour certains, il est d'autant plus prometteur qu'il a encore peu
évolué. Pour d'autres, son boisé intense (notes
de planche), est trop marqué et risque de ne pas se fondre.
Ce vin présente la caractéristique d'être à
la fois raide (sur cette structure boisée) et soyeux.
4- Rochioli Little Hill Block 1997 :
Note : 17 vers 17,5 - 407 F.
100% pinot noir.
Robe plus claire que les précédentes (mais elle reste
soutenue pour une robe de pinot noir).
Joli nez subtilement boisé. Des notes de figue, de fraise
des bois, de fleurs, d'épices.
La bouche décline ces notes florales, épicées,
réglissées dans un registre suave et gourmand. Elle
est charnue, fine, élégante et dotée d'une
bonne longueur (environ 12 secondes). Il s'agit là d'une
très belle interprétation du pinot noir en californie.
5- Anderson's Conn Valley Réserve 1992 :
Note : 14.5 - prix : 250 F
100% CS.
Robe présentant des signes d'évolution.
Le nez de cabernet est assez logiquement marqué par de belles
notes animales, de poivron, d'herbes aromatiques, de graphite, de
noix.
La bouche est souple mais manque de classe. Elle n'est pas très
complexe, courte (6 secondes) et présente une légère
sucrosité.
6- Robert Mondavi Réserve 94 :
Note : 17 vers 17.5 - prix : 320 F
100% CS.
Robe passant du noir (au centre) à l'acajou (sur les bords).
Contrairement aux vins bordelais, pas de nuances de rouge.
Nez médocain moins pur que celui de la réserve 95,
moins bien défini, mais en même temps moins évolué.
Les dégustateurs sont partagés quant à l'appréciation
de la bouche. Certains la trouvent supérieure à celle
du 95, le vin semblant de plus n'avoir pas évolué
aussi vite, d'autres lui reprochent un manque de race et une finale
un peu chaleureuse.
7- Dominus estate 1988 :
Note : 14,5 - prix : 850 F
80% merlot, 20% Cabernet-Sauvignon.
Robe présentant des signes déjà notables d'évolution,
foncée avec des bords acajou.
Nez évolué également et assez complexe. Des
senteurs de champignon (morille), de fruits à l'eau de vie,
de goudron, de réglisse, de camphre, de cassis, d'herbe séchée.
Mais comme dans le cas du millésime 86, la bouche déçoit.
Elles est un peu austère et relativement courte. Des notes
de viande fumée, de réglisse agrémentent sans
ostentation un vin qui semble plat et finit sur une légère
amertume; ce vin est dépassé. Compte-tenu de la réputation
(et donc du prix) de cette cuvée, il constitue indéniablement
une grosse déception.
Autres vins dégustés :
8- Rosemount Cabernet Sauvignon Hunter Valley 88
- Australie :
Note moyenne : 13 - Prix : 90 F
Bouteille d'enchères.
Robe acajou, de vin évolué.
Nez intéressant, relativement complexe, des notes de champignon
sec, de bouillon de poule, de tabac, de menthol, d'eucalyptus.
La bouche ne confirme malheureusement pas un nez prometteur. Elle
reste simple, dissociée. Elle est quelque peu vulgaire et
sa sucrosité acide est peu agréable.
9- Graves cru exceptionnel Château Haut-Bailly
1979 :
Note moyenne : 14 - Prix : 240 F
Robe évoluée, qui apparaît décharnée.
Nez sans surprise évolué, qui développe des
notes tertiaires de viande (gibier), de champignon, d'herbes aromatiques,
de tabac, de café, de lard fumé.
La bouche en retrait par rapport au nez. Manquant de densité,
elle est un peu simple, relativement courte. Une légère
acidité ainsi qu'une finale amère confirment que ce
vin est dépassé.
10- Minervois Domaine Pujol "cuvée St-Fructueux"
98 :
Note moyenne : 16 vers 16,5 - Prix : 65 F
100% syrah.
Robe jeune, dense et vive, centre noir, bords empourprés.
Nez puissant et flatteur, floral, un fruit intense et pur (mûre,
crème de cassis, myrtille) qui s'associe à un boisé
crémeux, enveloppant et à des notes plus discrètes
de poivre et de garrigue. Des notes de vanille soulignent un joli
boisé.
Le fruit s'avère aussi pur et généreux en bouche
qu'au nez ; l'élevage amène des saveurs beurrées
et grillées. Très bonne concentration ; la structure
est ferme (tannins fins mais présents), sans lourdeur ni
mollesse La bouche démonstrative et très soyeuse dévoile
des notes caractéristiques du cépage (cassis, poivre).
Ce vin gourmand présente un très bon rapport qualité/prix.
Déjà très bon (le millésime 98 est exceptionnel
en Languedoc), facile d'accès, on hésite à
le ranger dans la catégorie supérieure (le vieillissement
jugera) à cause d'un relatif manque de race. A déconseiller
aux amateurs de vins élégants et fin !
11- Château Musar 1991 (Liban - Plaine de
la Bekaa) :
Note moyenne : échantillon défectueux - Prix : 80
F
Cabernet-Sauvignon.
Robe framboise, pâle, un peu trouble.
Nez typé par le cabernet, avec des notes tertiaires de viandox
mais malheureusement acescent.
Bouche désagréable, décharnée, dissociée.
Des notes d'éther, de vernis, de vinaigre, avec une pointe
de sucre résiduel. Musar réalise de beaux cabernets
mais nous avons ici à affaire à un défaut majeur.
12- Te Kairanga Pinot noir réserve 1994
(Nouvelle-Zélande) :
Note moyenne : 15 - Prix : 80 F
Beau nez de pinot noir subtilement boisé. De la griotte,
une pointe animale.
Bouche équilibrée, plaisante et de bonne longueur.
Une belle interprétation du cépage à l'autre
bout du monde.
13- Gaillac doux Les Vignals 98 :
Note moyenne : 13,5 - Prix : 40 F
100% sauvignon (les cépages gaillacois pour les vins doux
étant plus souvent "len de l'el" et le mauzac).
Robe claire et brillante.
Nez ralativement simple de buis, de lierre, de pamplemousse.
Bouche simple manquant un peu d'acidité, un peu pommadée,
agréablement sucrée mais sans réelle tenue.
Finale peau de pamplemousse.
14- Jurançon Clos Thou - suprême de
Thou 96 :
Note moyenne : 15.5 - Prix : 60 F
Robe dorée et brillante de vin jeune.
Nez puissant et superbe évoquant le citron, la truffe noire.
Bouche assez vive, sur des notes d'agrumes. Un peu moins bien goûté
qu'en décembre 99 (noté 16,5 vers 17), le vin est
doté d'une belle trame acide qui, associée à
ces notes truffées, signe l'appellation. Mais il paraît
ce soir là moins complet et un peu trop vif. Le beau potentiel
de garde et le rapport qualité/prix constituent un atout.
Conclusion (pour les vins américains) :
- Sans grande surprise, des vins de moins haut niveau que la dégustation
de décembre 99.
- Ils restent pour la plupart cher, de bon niveau, mais la quadrilogie
équilibre, longueur, complexité, race est à
l'évidence moins aboutie.
- Dominus déçoit de nouveau.