Dégustation du 09 novembre 2000 Verticale du Pomerol châtean Trotanoy Synthèse par Laurent Gibet. Quelques commentaires de contexte : Les vins n'ont pas été dégustés
à l'aveugle.
Nombre de dégustateurs : une quinzaine.
Encépagement : merlot majoritaire -
environ 10% de cabernet-franc
Ordre de dégustation :
1 Trotanoy 1995 :Note moyenne : 16,5 vers 17 - Prix : 550 F Robe intense, légèrement mate.
On note un premier nez profond et crémeux,
exprimant des notes de fruits confiturés (dominante cassis),
de cèdre, de tabac. L'aération révèle
un second nez moyennement intense mais fin et très complexe
: on décèle alors des notes complémentaires
de cuir, de cacao, d'herbes aromatiques, de poivre, de bouquet séché.
La bouche est équilibrée, offrant
une acidité bien intégrée et peu habituelle
pour un merlot. Le vin, marqué par des tanins fins et serrés
est ample, soyeux et long (15 secondes), naturellement encore relativement
simple.
Finesse, race et élégance signent
ce vin très prometteur (mais déjà relativement
fondu) pour lequel l'extraction maximale ne semble pas recherchée
(on est à l'école Berrouet !). Dans le même
ordre d'idée, on note une robe relativement peu intense eu
égard à la concentration détectée en
bouche. Ce premier vin faisant beaucoup parler, rajoutons que de
nombreux dégustateurs lui trouvent une expression très
médocaine. Devrait être somptueux dans 10 ans.
2 Trotanoy 1994 :Note moyenne : 15,3 - Prix : 320 F Robe moyennement intense, un soupçon d'évolution.
Le nez est agréable, fin, élégant,
moyennement intense. Il développe une palette aromatique
large : fruits à l'eau de vie, tabac, cacao, café,
réglisse, épices (poivre fin), herbes séchées,
cuir soulignant un début d'évolution tertiaire.
La bouche n'a pas la complétude de la précédente.
Elle s'avère sans grande surprise (effet millésime)
plus dure (une pointe végétale) et notablement plus
sèche, plus astringente que la précédente.
Une finale plus courte est très réglissée ponctue
ce vin un peu saillant, également moins frais et moins fruité
que le précédent. Commencer à boire.
3 Trotanoy 1993 :Note moyenne : 16,2 - Prix : 280 F Robe moyennement concentrée.
Un nez fin et relativement fermé (au creux
de la vague ?), exhalant des notes de fruits, de poivre, de café,
de gibier, de cèdre et de tabac.
La bouche offre une belle fraîcheur. Marquée
par des notes de feuille de cassis, elle paraît moins équilibrée
que celle du 95 (un peu moins vive et un peu plus alcooleuse). Attendre
encore quelques années.
Une réussite indéniable pour le millésime.
4 Trotanoy 1990 :Note moyenne : 14,8 vers 14,5 - Prix : 650 F On note une récurrence certaine dans l'intensité
de la robe.
Le nez déjà brun présente des
notes d'évolution précoce. Tertiaire, il développe
un joli bouquet de fruits très mûrs et de fruits secs,
de tabac, d'herbes aromatiques, de nuoc-mam, de réglisse,
de fenouil, de confiture de vieux garçon.
La bouche est particulièrement défaillante
en acidité. Un peu lourde, elle semble écrasée
par la surmaturité des baies. Bâtie sur un équilibre
alcool/tanins précaire, elle est de plus courte et un peu
asséchante.
Une déception pour le millésime, pour
un vin manquant de classe et de définition. Boire.
5 Trotanoy 1989 :Note moyenne : 16 - Prix : 580 F Robe évoluée. Centre grenat, bord
brun.
Nez intense, racé, profond, marqué
par des belles notes florales (rose) et animales. Des notes d'herbes
aromatiques, d'épices, de réglisse, de champignon
séché.
La bouche, qui rappelle un peu celle du 95, est
solide et ample. Par sa fraîcheur et sa relative rudesse (la
pointe astringente liée à un éventuel blocage
de maturité phénolique sur cette année trop
chaud ?), elle fait penser à l'expression médocaine
du millésime 88.
6 Trotanoy 1986 :Note moyenne : 15,3 vers 14 - Prix : 420 F Nez complexe, déclinant quasiment l'intégralité
des notes précédemment citées. En bonus, une
magnifique expression de truffe. Le nez est très ouvert et
encore particulièrement frais (fruits frais).
La bouche présente un peu la sévérité
du 89. Elle est fraîche, moyennement concentrée et
d'une longueur modeste. Un dégustateur, imaginant une absence
de chaptalisation, la décrit comme étriquée
mais cohérente, à l'image du 94.
7 Trotanoy 1983 :Note moyenne : 15,3 - Prix : 380 F Robe moyennement intense, brun soutenu.
Nez tertiaire ressemblant au 86, en plus évolué.
Des notes complémentaires de fruits cuits.
La bouche, qui a su rester fraîche, manque
de tenue et déçoit avec une amorce de creux en milieu
de bouche. Ses arômes restent intéressants mais sa
structure semble défaillante. L'astringence finale semble
indiquer une absence d'éraflage.
8 Trotanoy 1979 :Note moyenne : entre 14,3 et 14,6 - Prix : 380 F Robe moins évoluée que celle du 83.
Le nez est encore jeune, semblant même plus
jeune que celui du 86. Des notes d'herbes aromatiques, de cèdre,
de tabac, de poivre. Un dégustateur souligne une note légère
mais peu nette de plastique brûlé.
La bouche, bâtie sur un équilibre acide/tanins,
livre peu. Elle est compacte, manque de longueur, marquée
par quelques notes végétales (vin non éraflé
?).
Conclusion : Des robes un peu mates, n'affichant pas une volonté
d'extraction maximale.
Des nez toujours racés, fins et élégants,
même si tous les vins ne font pas l'unanimité en bouche
(on note une expression paradoxalement difficile pour les millésimes
chauds).
Un verticale procurant beaucoup de plaisir, pour
des vins cohérents et sereins, sans ostentation, issus d'un
véritable terroir.
Une remise en cause de la lecture classique de la
grille des millésimes (avec un superbe 93 et un 90 en retrait).
Des prix très élevés !
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