Dégustation du 12 mars 2001

Les vins de l'appellation Côte Rotie

Synthèse des commentaires de dégustation : Pierre Citerne

Quelques commentaires de contexte :
Les vins n'ont pas été dégustés à l'aveugle.
Les vins ont été carafés avant la dégustation
Nombre de dégustateurs : une quinzaine.

DS : Didier Sanchez - PP : Pascal Perez - LG : Laurent Gibet - PC : Pierre Citerne.

Ordre de dégustation :

1. Domaine Jean-Michel Stéphan 1998. Notes : DS15 , LG15 , PP15 , PC15,5Note moyenne : 15,1 - Prix : 170 F - cuvée de base
Le centre du disque est noir, très dense, les bords plus tendres.
Le tout premier nez est marqué par un boisé chocolaté, puis la typicité s’exprime pleinement, avec une appréciable pureté aromatique : minéralité, tabac, épices, viande fumée.
La matière dense présente une fruit gourmand, un bon support acide et un boisé parfaitement intégré ; seule la longueur moyenne dépare un peu l’ensemble. On aimerait évaluer la cuvée haut de gamme.

2. Domaine Bernard Burgaud 1998. Notes : DS14/14,5 , LG14 vers 15? , PP14,5 , PC14 vers + ?
Note moyenne : 14,1 vers + ? - Prix : 170 F
Noir profond, bords pourpres très jeunes.
Grand fruit de confiture de mûre, avec beaucoup d’épices et de notes balsamiques.
Bouche concentrée mais abrupte, les éléments ne sont pas en harmonie, on devine une acidité volatile marquée ; un vin disgracieux en l’état mais qui a sans doute un potentiel.

3. Domaine René Rostaing "Cuvée Terroir" 1997. Notes : DS14 , LG14 , PP14,5 , PC14
Note moyenne : 14,1 - Prix : 230 F
Robe tendre, grenat avec une bordure translucide framboisée.
Nez très animal (ventre de lièvre), fin, complexe, typé, avec un fruit délicat de confiture de fraise.
Attaque souple, soyeuse, le fruit présente un beau moelleux, mais à partir du milieu de bouche la matière s’évanouit, et laisse une impression de dilution.

4. Domaine Mathilde et Yves Gangloff "Vieilles Vignes" 1997. Notes : DS16 , LG15,5 vers 16 , PP16 , PC16/16,5Note moyenne : 15,9 vers 16,1 - Prix : 275 F
Très dense, la robe présente un centre noir profond et beaucoup d’éclat.
Beaucoup de fruit au nez, oscillant entre la violette et la réglisse, l’aération libère un fumet organique fin, des notes minérales et camphrées, une expression olfactive "rentre-dedans" mais parfaitement typée.
Encore très jeune en bouche, matière ample, équilibrée, tannique, au fort goût fumé ; un vin plein et tonique.

5. Domaine Georges Vernay "Maison Rouge" 1997. Notes : DS15 , LG14,5 , PP15 , PC13,5/14 Note moyenne : 14,5/14,6- Prix : 180 F
Robe assez dense, mate, oscillant entre grenat et vieux rose.
Nez tendre, gentillet, dominé par un boisé chocolaté plaisant mais facile, fond fruité évoquant un yaourt à la fraise, l’aération induit quelques senteurs plus typées (lard fumé, épices).
En bouche, la matière modeste, souple, est dominée par l’impression de boisé chocolaté, il faut signaler que certains dégustateurs ont trouvé davantage d’ampleur à ce vin.

6. Domaine Michel Ogier "Belle Hélène" 1997. Notes : DS16/16,5 , LG15,5 vers 16,5 , PP17 , PC16 vers +Note moyenne : 16,1 vers 16,5+ - Prix : 240 F
De nouveau une robe très dense, avec une mince bordure empourprée.
Grand fruit au nez, enrobé par un boisé opulent, merveilleusement épicé et floral (baba au rhum, cannelle, violette), très prometteur, racé, même si le terroir ne s’exprime pas encore vraiment.
Beaucoup de tout en bouche, agencé avec harmonie et aplomb ; la conjonction du fruit énorme (épicé, réglissé), d’une charpente solide et d’un élevage ambitieux dégage une grande séduction.

7. Domaine Jean-Michel Gérin "Les Grandes Places" 1997. Notes : DS16 , LG16 , PP16,5 , PC15,5 Note moyenne : 16 - Prix : 390 F
Robe jeune, dense, bords violacés.
Premier nez un peu comprimé par le boisé, à l’aération on sent un grand fruit, suave, confituré, une expression encore assez simple mais séductrice.
Grand velouté en bouche, profondeur d’un fruit alangui, matière concentrée mais d’une souplesse étonnante, les tannins sont plus que discrets ; un vin charmeur, imposant, racé, manquant peut-être de fraîcheur et de structure (surmaturité ?)

8. Domaine Jean-Paul et Jean-Luc Jamet 1997. Notes : DS16,5 , LG16,5 vers 17 , PC17, PC17/17,5 Note moyenne : 16,75 vers 17 - Prix : 190 F
Robe dense pleine de vivacité et de jeunesse, noir-bleutée.
Nez d’une immense pureté et d’une typicité parfaite, frais, précis, intense : minéral (graphite), épicé, fourrure, viande fumée, fruit percutant de cassis et de myrtille.
Superbe matière fraîche, concentrée, longue, veloutée et svelte, qui se développe en bouche avec une rare cohérence, sans effets de manche, remarquable saveur de violette en finale.

9. Maison Delas "La Landonne" 1997. Notes : DS16,5 , LG: 16,5 , PP17,5 , PC15,5Note moyenne : 16,5 - Prix : 580 F
Aspect très dense, visqueux, impressionnant.
Nez explosif, derrière un boisé soutenu mais intégré (pain grillé) on perçoit un grand fruit très mûr (olive noire) et une palette de notes complémentaires complexes et typées : gibier, tabac, poivre, minéralité...
On ressent la maturité très poussée du fruit encore davantage en bouche, extravagante de concentration et d’amplitude, équilibrée cependant, beaucoup de moelleux et de saveurs, mais évidemment moins de pureté que chez Jamet. On ressent un net retour d’alcool en finale ; un vin qui parvient à rester harmonieux et typé malgré ses proportions herculéennes.

10. Maison Chapoutier "La Mordorée" 1997. Notes : DS15/15,5 , LG15,5 , PP16 , PC15
Note moyenne : 15,4/15,5 - Prix : 660 F
Robe opaque, très dense, mate.
Nez très puissant, plutôt atypique : camphré, mentholé, avec un fruit confituré légèrement oxydé qui évoque le grenache ! un fumet tourbillonant de rose fanée, d’épices, de gibier.
La bouche se montre très dense, volumineuse, sapide mais pêche par manque de vivacité et de précision aromatique, la finale semble se désunir ; un style dense, tonitruant, mais manquant de cohérence et de typicité.

11. Domaine E. Guigal "La Turque" 1988. Notes : DS16/16,5 , LG17 , PP16,5 , PC16,5/17Note moyenne : 16,5/16,75 - Prix : 1800
Robe évoluée mais encore très dense, mate, centre noir, bords brique/acajou.
Premier nez parfaitement défini, typé, puissant, évoquant un civet de sanglier riche en poivre, thym et laurier, le bois est complètement résorbé ; superbe bouquet complexe, intense et fondu à l’aération : cerise à l’eau de vie, tabac, feuille morte, cèpe sec.
Matière moelleuse et cohérente en bouche, fondue, le fruit est resté gourmand, le grain est très fin, les saveurs nettement tertiaires sont nobles et franches. On ressent une petite déception quant à la longueur, finale relativement abrupte (ceci est-il du à la jeunesse des vignes) ?


4. Vins dégustés en dehors des visites chez les producteurs, le plus souvent à l'aveugle

CÔTE-RÔTIE "La Landonne", Rostaing, 1996. Notes : DS13,5/14 — PC15 — LG15 - PP15,5. Moyenne : 14,8.
Robe rubis vive et dense.
Nez complexe, racé mais austère : viande fumée, poivre ...
Matière assez mince, expressive, tannins vigoureux mais fins et racés; un vin élégant, tendu, qui se livre peu pour l'instant.

CÔTE-RÔTIE "Côte Blonde", Rostaing, 1991. Notes : DS14,5/15 — PC15,5 — LG15,5 - PP16. Moyenne : 15,5.
Robe encore très jeune, dense, rouge rubis profond.
Nez puissant, terrien (animal, sous-bois humide - presque carton mouillé), floral et poivré aussi, une certaine austérité mais aussi une belle franchise.
Bouche pleine, on sent un fruit très mûr, des tannins pas encore fondus, pas mal d'alcool, au final : un fort caractère et encore un bon potentiel de vieillissement.

CÔTE-RÔTIE, Ogier, 1997. Notes : DS15 — PC15 — LG15 - PP15. Moyenne : 15.
Robe profonde, fournie, centre opaque.
Nez prometteur mais actuellement plutôt fermé, puissantes notes brûlées et minérales, l'élevage domine encore.
Matière drue mais sans dureté, équilibrée et vive, son expression est encore monolithique mais l'ensemble devrait bien vieillir.

HERMITAGE "La Chapelle", Jaboulet Ainé, 1997. Notes : DS16,5 — PC16,5 — LG16,5 - PP17. Moyenne : 16,6.
Robe dense et veloutée, mais qui présente déjà des traces d'évolution sur les bords du disque.
Nez immédiatement séducteur, oriental, voluptueux, avec un fruit compoté profond, des épices (girofle, cannelle, poivre...), et des notes tertiaires de cuir et de cèpe sec.
Matière mûre et très veloutée, riche; les arômes sont, comme au nez, démonstratifs et plutôt oxydatifs. Les tannins enrobés rendent le vin très flatteur, il ne manque pas de classe dans son style, chaleureux, racé mais facile d'accès. On peut s'interroger quant à son évolution à long terme. Un style incontestablement plus oriental, exubérant, flatteur que celui de Chave.

HERMITAGE, Chave, 1997. Notes : D16 — PC17 — LG16 - PP17. Moyenne : 16,5.
Robe rubis limpide, dense, avec des reflets violacés très jeunes.
Réserve et élégance caractérisent le nez, dominé par un fruit très pur, racé, qui pinote presque, avec de très fraîches senteurs florales et minérales.
Bouche très nette, grande pureté du fruit, richesse mais nervosité. Expression d'une grande élégance, qui n'est pas encore très diversifiée aromatiquement pour l'instant, mais le vin semble encore si jeune ...

HERMITAGE, Chave 1989. Notes : DS16 - LG17 - PP16,5 - PC16,5. Moyenne : 16,5
Robe encore jeune, intense, rubis légèrement orangé.
Nez racé, puissant mais retenu : cerise qui pinote un peu, fourrure, poivre…
Matière svelte, concentrée, tendue, qui n’impressionne pas par son volume mais montre beaucoup de droiture et d’harmonie. La finale est marquée par des tannins fermes.

VIN DE PAILLE - HERMITAGE, J.-L. Grippat, 1995. Notes : DS15 — PC16 — LG16 - PP16,5. Moyenne : 15,85.
Robe orangée visqueuse et brillante.
Nez puissant, pas forcément séducteur mais bien défini aromatiquement : miel de châtaigne, citron vert, très truffé, presque animal, beaucoup de personnalité en tout cas.
Matière très concentrée, beaucoup de sucrosité mais le vin reste équilibré grâce à une bonne acidité (concentrée elle aussi par le séchage), très corpulent en milieu de bouche, il finit sur des tannins et une pointe d'amande amère. Un vin original, difficile à comparer, viril malgré sa suavité, peut-être plus impressionnant que réellement délectable.
Sud de la vallée du Rhône :
CÔTES-DU-RHÔNE - Château Fonsalette "Cuvée Syrah" 1982. Notes : DS15 - LG15,5 - PP15 - PC15. Moyenne : 15,1.
Robe évoluée mais dense, grenat avec des nuances brunes.
Senteurs de feuilles mortes, d’épices et de cuir, intenses, tertiaires, sur un fond de fruit confituré.
Plein et mûr en bouche, sapide et fondu, finale un peu abrupte.

CÔTES-DU-RHÔNE - Château Fonsalette "Cuvée Syrah" 1978. Notes : DS18 - LG18 - PP18 - PC17,5/18. Moyenne : 18
Robe très intense, peu dépouillée par les temps, centre grenat-noir, bords tuilés minces, viscosité impressionnante.
Bouquet puissant, vif, autoritaire : crème de mûre, lard fumé, encens ; cohérent, racé, et comme la robe, impressionnant.
Texture énorme en bouche, pleine, très concentrée, veloutée sans aucune mollesse. Les tannins sont fermes en finale. Un vin admirable, qui semble avoir trouvé le secret de la jeunesse éternelle.

CHATEAUNEUF-DU-PAPE, Les Cailloux "Cuvée Centenaire"1995. Notes : DS17, LG17 - PP17,5 - PC17. Moyenne : 17.
Couleur très sombre, avec des reflets bruns et orangés, grande viscosité.
Nez d’abord peu expressif, qui s’ouvre sur un fruit massif (confiture de fraise légèrement caramélisée) et des notes d’épices et de cuir.
Matière énorme, veloutée mais très structurée ; plus aromatique en bouche qu’au nez (violette, fruits exotiques, épices, notes balsamiques), ce vin cohérent et massif se montre déjà grand mais deviendra plus grand encore.

CHATEAUNEUF-DU-PAPE, Château de Beaucastel 1994. Notes : DS14,5 - LG14,5 - PP15 - RP14 - PC15. Moyenne : 14,8.
Rubis intense, profond, traces d’évolution.
Le nez, intense, semble plus évolué que la robe : feuille morte, tabac, fruits compotés, notes fumées.
Assez riche en bouche, structuré, poivré, avec une bonne réserve de fruit et des tannins fins, mais peu d’éclat.

CHATEAUNEUF-DU-PAPE blanc, Domaine du Grand Veneur "La Fontaine" 1999. Notes : DS15,5 - LG15,5 - PP16 - PC15,5. Moyenne : 15,6.
Jaune doré assez pâle, reflets verts.
Nez délicat mais incisif, citronné, puis miellé, boisé et épicé à l’aération.
Beaucoup de concentration, de gras, boisé puissant mais sans lourdeur, long, on devine une belle pureté dans ce vin très jeune qui se livre peu.
Hors vallée du Rhône :
Meursault, Coche-Dury "Les Rougeots" 1994. Notes : DS15 - LG15 - PP15/14,5 - RP15,5 - PC14,5. Moyenne : 15/14,9.
Robe vieil or, intense, grasse.
Premier nez étrange, animal, réduit (rillettes), un parfum de noisette grillée puissant mais sans éclat particulier reprend le dessus à l’aération.
Attaque ample, milieu de bouche discret et finale assez longue mais austère, sur l’amertume.

Reciotto di Soave, Leonildo Pieropan "Le Colombare" 1996. Notes : DS15,5 - LG15,5 - PP15,5 - RP15,5 - PC15,5/16. Moyenne : 15,5/15,6.
Robe dorée intense, presque abricotée.
Nez exubérant de fruits exotiques (mangue confite, ananas, gingembre), encore plus jaillissant à l’aération.
Matière concentrée, arômes frais et bien définis, pas oxydés malgré le passerillage sur claies, note poivrée, manque sans doute de charpente acide pour parfaitement équilibrer le sucre et prolonger la finale.

Ribera del Duero, Alion 1996. Notes : DS14,5/15 - LG15 - PP14,5 - RP13 - PC15. Moyenne : 14,4.
Robe très sombre, noire avec de mince bords cramoisis.
Nez dominé par un boisé lactique et brûlé, élégant mais démonstratif, on perçoit un intense fruit noir tapi derrière l’élevage (mûre, myrtille).
Matière très concentrée mais longiligne, vive, aux tannins racés, sans caractère aromatique original pour l’instant, tant l’empreinte du bois est forte.

VDT (Piémont) Gillardi "Harys" (syrah) 1998. Notes : DS15,5/16 - LG15,5/16,5 - PP16 - PC14,5/15. Moyenne : 15,4/15,9.
Rubis dense très jeune avec de reflets violacés.
Nez dominé par un boisé lactique un peu monocorde, épicé (cannelle, poivre).
Charnu, souple et rond avec des tannins fins, saveur ample de fruits rouges et de chêne (yaourt a la fraise et yaourt à la vanille), vivacité bienvenue en finale.

Barolo, Fontanafredda "Vigna Lazzarito" 1982. Notes : DS14 - LG14,5 - PP14,5 - RP15 - PC15. Moyenne : 14,6.
Robe très évoluée, orangée, mais encore dense.
Nez expansif, très aromatique, typé et complexe : cuir, goudron, violette, rose fanée.
Bouche concentrée, savoureuse et longue mais sous-tendue par des tannins secs.

Clos de la Roche, Hubert Lignier 1992. Notes : DS15,5/16 , LG16 - PP16/16,5 - PC16/16,5. Moyenne : 15,9/16,25.
Couleur rubis avec des nuances brunes d’évolution, bonne densité.
Nez complexe et équilibré, racé : raisin très mûr, compoté, notes grillés, épicées et grande profondeur du fruit à l’aération, suave note de fourrure.
Bouche très riche, structurée, veloutée, opulente mais sans lourdeur.

Contacts :
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Réalisation Stéphane Poulart . Mise à jour 21.12.2001